samedi 23 août 2014

PERIPLE EN FAMILLE - Pékin, Xi'an et Sichuan (3/3)

Sichuan:


Depuis notre arrivée en Chine, le Sichuan figure bien haut dans notre liste des régions à visiter. On nous a souvent vanté sa gastronomie (très épicée!), ses paysages et ses belles opportunités de randonnées. Nous avons donc inscrit le Sichuan au volet "nature et découverte" du programme de nos visites de la Chine en famille!
Le Sichuan est une province du Sud de la Chine. La capitale, Chengdu (14 millions d'habitants), est à 2000 km de Pékin. Tout ça pour dire qu'on change de décors mais qu'il y a toujours autant de figurants!
Nous avons rejoint la capitale sichuanaise par avion puis nous avons loué sur place une voiture pour être libre de nos mouvements. Nous ne savions pas à quoi nous nous exposions... J'ai déjà beaucoup conduit en Chine, à Pékin et dans les environs. Ca a toujours été "sport": la conduite de tous est déterminée par les rapports de force, et non par le code de la route. Pas de priorité à droite. Le premier qui arrive à faire piler l'autre en lui faisant craindre d'égratigner la carrosserie de sa belle bagnole à gagner. Voilà pour l'état d'esprit. Cela se traduit par un état de tension intense et permanent, rendu plus aigu encore par un usage frénétique du klaxon (qui vient en quelque sorte compenser la réticence à se signaler par clignotants). Le Sichuan nous a tout de suite donné la même impression, l'usage du klaxon en moins (en rien remplacé par le cousin clignotants), la vitesse et l'inconscience en plus...
Ce ne fut pas particulièrement notable pendant notre première journée dans le Sichuan au cours de laquelle rien ne fut vraiment notable. Nous ne nous sommes pas bien organisés pour cette virée à Emei Shan et nous n'avons eu le temps et l'argent de ne voir qu'un temple (très beau, soit dit en passant) et de noyer notre déception dans une rivière qui nous a vite redonné le sourire.
Emei Shan. Nous n'y avons visité qu'un temple, mais il en valait la peine!
Les stars du jour font trempette. Elles ont fait sensation. La famille chinoise qui profitait également d'une baignade 50m plus bas en est restée bouche bée.
Sur la route de montagne qui menait à notre première destination, la petite ville de Songpan, nous étions constamment dépassés dans les montées par de gros 4x4 fonçant à toute berzingue dans des virages en épingle qui n'accordaient aucune visibilité sur les véhicules qui arrivaient en sens inverse (et qui étaient, bien sûr, eux-mêmes doublés par d'autres trompe-la-mort). Je parvenais à nous rasséréner en nous plaçant derrière bus et camions, ce qui procurait un sentiment de sécurité proche de celui que doit ressortir un soldat qui se planque derrière un de ses blindés pour se protéger de l'assaut de l'ennemi. Cette ultime illusion de sécurité est tombée au bout d'un peu plus d'une heure de route à la vue d'un bus retourné sur le coté et vidé de ses passagers à la suite d'un choc frontal avec un autre véhicule (non identifiable vu ce qu'il en restait). Après l'heure supplémentaire de bouchon provoqué par l'accident, j'ai repris le volant, encore un peu plus crispé qu'au départ. L'intermède aura tout de même permis de décompresser un peu en faisant découvrir (un brin tardivement...) aux sœurs Richard le classique SF du 7e Art qu'est Retour vers le futur sur l'ordi portable de bibi.

Drapeaux de prières tibétains croisés sur la route. Continuez de prier les gars, on en a besoin!
Petite pause pour se détendre et avaler plus sereinement les kilomètres. J'en profite pour goûter des brochettes à la viande de yak...
... devant un yak apprêté pour la photo-touriste avec de jolis pompons sur les cornes!

Nous sommes finalement arrivés à Songpan sains et saufs, mais pour que cette journée conserve durablement tout son piquant dans nos souvenirs, nous avons élus domicile dans un restaurant de fondues sichuanaises pour diner: nous nous sommes régalés de cette cuisine effectivement très épicée! Plus d'une bouchée a failli nous mettre au bord des larmes, mais les saveurs étaient tellement délicieuses que nous plongions toujours une nouvelle fois nos baguettes dans le grand wok que nous partagions en famille.
A notre arrivée à Songpan, nous remarquons tout de suite la viande des échoppes, qui séche à la chaleur... des pots d'échappement!
Le village de Songpan a aussi sa mosquée! (toujours rien de très arabisant dans l'architecture).

Le lendemain, nous sommes partis en randonnée à cheval avec pour objectif d'atteindre le temple bouddhiste de la vallée voisine! Au programme, 5h d'une très belle ballade à suivre les chemins tracés par les bergers du coin. A notre arrivée, nous nous dégourdissons les jambes en faisant le tour du temple et en nous assurant de bien faire tourner la centaine de moulin à prière qui l'enserre afin de faire monter nos vœux au ciel. Nous déjeunons dans une famille du village un plat de nouilles qui ne payait pas de mine mais parvenait à vous rassasier en quelques bouchées. De quoi prendre des forces pour apprendre des rudiments de Kung-Fu avec les jeunots de notre famille d'accueil et repartir à cheval pour Songpan. En prenant soin de laisser passer devant nous belle voiture et troupeau de yaks des montagnes!

Pas rassuré au moment de grimper sur sa monture, JF se sera finalement débrouillé comme un chef.
Ca faisait longtemps! Un plaisir de reprendre. Au moins sur le moment. Après, j'ai surtout eu mal aux fesses.
Toujours le même problème, partout où je vais: la compétition pour les ressources en eau! (qui nous a cette fois rendu incapable de maîtriser nos montures)
Nous empruntons les chemins tracés par les bergers...
... et nous profitons du panorama!
Arrivés à destination, nous admirons la toiture dorée du temple bouddhiste.
L'un des moines croisés à Songpan en est certainement locataire!

Et l'on attaque les moulins à pière. Les petits...
... et les grands!
Petite photo de famille et très vite, à notre grande satisfaction...
... c'est l'heure de déjeuner!
Agnès s'initie au Kung-Fu auprès des gamins du village.
Scène de la vie quotidienne: yaks et opel ont la route en partage.

 Nous en venons enfin au clou du spectacle de notre séjour dans le Sichuan: la réserve naturelle de la vallée de Jiuzhaigou! Le parc, immense (72 000 ha), est perché à plus de 4800 m d'altitude et comprend une grande diversité d'écosystèmes. Les montagnes surplombent des forêts de conifères qui se fondent en marais puis encerclent un paysage féerique composé de cascades spectaculaires, de rivières et de lacs aux eaux limpides étrangement teintées d'incroyables nuances de bleu, de vert et violet. La réserve de Jiuzhaigou doit son nom (traduction littérale: "le ravin aux neuf villages") aux neuf villages tibétains qui y étaient disséminés avant que le gouvernement leur impose de faire leur valise pour permettre la préservation de ce patrimoine naturelle grandiose mais surtout pour... laisser la place aux touristes! Il s'agit en effet de l'une des destinations les plus prisées de la province. Les bus se relayent d'ailleurs sans cesse à l'entrée du parc pour prendre en charge des milliers de touristes, privés de leurs véhicules dans un souci évident de préservation des paysages naturels. Et quels paysages! Nul part ailleurs en Chine, notre regard n'a eu le plaisir de s'abandonner à des panoramas aussi divins. Le terme est choisi à dessein: selon la tradition tibétaine, un Dieu offrit à sa bien aimée un miroir qui se brisa en 118 de morceaux, chacun formant l'un des lacs de Jiuzhaigou!
La mode, à Jiuzhaigou, c'est assez variable.
Il y a le pire...
... mais aussi le meilleur!

Les cascades sont spectaculaires (1/...).


On y pose. (1/...)


On y pète un cable. (1/...)

Et on boirait bien à leur source tant l'eau y est pure!

Les lacs ne sont pas mal non plus!

Nous dormons à proximité du parc et la majestueuse beauté des paysages dont nous nous sommes délectés toute la journée alimente nos rêves... Et nous retombons très vite en plein cauchemar: le retour à Chengdu, c'est 7h de route... On a survécu. Ne me demandez pas comment. Là aussi, je crois que c'est divin!

Dans le parc de Jiuzhaigou, nous aurions pu croiser nos amis les pandas: c'est l'une des rares régions de Chine où ils vivent encore en liberté. Ce ne fut pas le cas: malgré la piètre qualité de leur camouflage naturel, ils savent se faire très discret. Nous allons donc leur rendre visite au Centre national de recherche et d'élevage du panda géant de Chengdu!
Nous (Delphine et moi) appréhendions en silence cette sortie. Nous avons encore le souvenir du parc à tigres de Harbin à l'esprit (où les bêtes nous ont semblé mal nourries et mal traitées -ce qu'a confirmé un petit tour sur les sites d'information). Rien de comparable dans ce parc qui se présente clairement comme la vitrine de la conservation des espèces en Chine -la publicité n'est pour une fois pas mensongère. Nous sortons impressionnés par les moyens mis en place, rassurés pour nos amis les pandas -qui auront au passage assuré le spectacle!