dimanche 18 août 2013

A la découverte du Yunnan


Les villes chinoises, on connait et -par l'intermédiaire de ce blog, vous aussi! On frôle l'indigestion. D'où notre souhait de prendre le large à l'occasion de la visite en Chine d'Agathe Giocco di Bongo (une amie de Toulouse) et de découvrir l'autre l'un des milles autres visages de la Chine! Mais par où commencer? Direction le Yunnan, une province montagneuse située à l'extrême Sud de la Chine et à l'Est du plateau tibétain. Au programme: des vacances sportives, dans la nature et au contact d'une population et d'une culture à mille lieues de celle de la capitale.

Voici une carte (assez mal faite!) pour vous donner une idée d'où nous étions...



 

Kunming, Ville du printemps éternel

Sacré périple! En avion, nous traversons d'abord la moitié du pays-continent du Nord au Sud (2 500 km environ). Nous arrivons alors à Kunming, la capitale de la province. 3 millions d'habitants dans les murs, 6, 5 millions autour. Pas exactement une petite bourgade... Mais l'agglomération située à 2 000 m d'altitude et entourée de rizières cultivées en terrasse possède tout de même un certain charme. Elle est bordée de l'immense lac Dian a qui elle doit la douceur de son climat et son surnom de "Ville du printemps éternel". Kunming présente également un intérêt historique (voir ci-dessous un peu d'histoire), mais nous n'avons pas vraiment le temps de nous y attarder: nous y passons une nuit avant de prendre le train pour Lijiang (10h de trajet!).

Un peu d'histoire...
Nous avons été surpris de découvrir la force et le caractère précoce de l'influence française, exercée depuis l'Indochine: dès la fin du XIXe s. et au début du XXe, un consulat ouvre ses portes dans ces contrées reculées, et la Société des missions étrangères de Paris y ouvre une mission d'évangélisation.
Surpris, également, d'apprendre qu'il existe un lien de cause à effet (certes lointain) entre le chemin de fer français du Yunnan à voie métrique qui relie Kunming à Hanoï et... l'attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941! C'est en partie à cause de ce chemin de fer qui peut ravitailler la Chine nationaliste, que le Japon impose en 1940 au Régime de Vichy des accords permettant à l'armée japonaise sa libre circulation en Indochine française et la fermeture de la frontière ferroviaire. À la suite de ces accords, Roosevelt impose un embargo sur le pétrole et les matériaux ferreux au Japon. Pour s'en procurer à partir du Sud-Est asiatique, il parut nécessaire aux Japonais de détruire préventivement la flotte américaine du Pacifique!

Lijiang

Lijiang fut aussi pour nous une ville-étape. Nous avons beaucoup apprécié déambuler dans les rues piétonnes de la vieille-ville, fondée au IXe s. sous la dynastie des Song. Nous dînons dans un restaurant tibétain (histoire de se mettre d'ores-et-déjà dans l'ambiance), où nous croisons d'autres Français (ah les adresses du Routard!). Nous nous baladons ensuite dans la vieille ville, les touristes chinois font leur shopping, prennent des photos où vont boire un verre dans la rue des bars.
Au XXe s., le béton a fait son entrée fracassante dans le paysage. Les vieux quartiers ont peu a peu été grignotés par la ville nouvelle et ses grands buildings. Puis en 1996, un violent tremblement de terre a ravagé un tiers de la ville mais a laissé intacts la plupart des habitats traditionnels, en bois et pierre, plus résistants aux séismes que les bâtiments modernes construits sans précautions particulières. Les autorités ont donc donné la priorité à l'architecture traditionnelle pendant les efforts de reconstruction. La vieille ville est donc plus grande. Elle a aussi pris un coup de jeune. Si elle ne manque pas de charmes (le labyrinthe des chemins piétons, les canaux, les maisons en bois aux toits de tuiles), certaines de ses ruelles ont un petit coté "Disney village" un peu too much: tout beau, tout neuf et piège à touristes, vous n'y trouverez que des magasins de souvenirs et des restaurants! Bref, depuis la consécration de la ville au patrimoine mondial de l'UNESCO (1997), le mercantilisme s'est bien installé...
Fun fact du geek de l'eau n°267
L'eau de Lijiang, très pure, provient des montagnes environnantes et elle est naturellement légèrement sucrée!


Vues de Dali, dans le train de Kunming à Lijiang




Un magasin un peu particulier à Lijiang...


Gorges du saut du tigre

A 3h30 de Bus de Lijiang, nous arrivons finalement au point de départ du cœur de notre séjour dans le Yunnan: une randonnée de 25km dans les Gorges du saut du tigre! Le Yangzi, plus long fleuve d'Asie (fun fact du geek de l'eau n°268), a forcé le passage en forgeant dans la roche ces gorges qui prétendent au titre du canyon de rivière le plus profond au monde. Leur nom se réfère à la légende locale, selon laquelle, pour échapper à un chasseur, un tigre sauta par dessus le canyon en son point le plus étroit -tout de même large de 25 à 30 m (historiquement, l'opium a fait des ravages dans l'imaginaire chinois). : )
Nous avons pris beaucoup de plaisir à cette randonnée. Le chemin est long, tortueux, parfois difficile, mais nos efforts sont récompensés au centuple par le panorama qui s'offre au regard. L'ensemble du parcours est émaillé de charmantes chambres d'hôtes, autant de refuges confortables où il est agréable de se lier d'amitiés avec d'autres randonneurs de tous les horizons autour de plats délicieux pour des repas très animés. A Tea Horse guesthouse, nous avons l'occasion de dîner avec de jeunes Chinois, des Suisses (à vélo!), des Anglais, Coréens... Bref! Notre confortable chambre nous attends enfin pour une bonne nuit de repos.
Au bout de deux jours de marche, nous achevons notre randonnée sur les gorges du saut du tigre. Nous montons dans le bus à destination de Shangri-la (3h de route). Avant de partir, nous saluons humblement ces paysages, dont la contemplation se mérite, conscients qu'ils pourraient bien disparaître comme tant d'autres merveilles sacrifiées ici sur l'autel de la croissance économique (fun fact du geek de l'eau n°269: les gorges du saut du tigre sont menacées par un projet de barrages hydroélectriques).



















La (célèbre) vue imprenable des toilettes de la Halfway guesthouse
 





 

Shangri-la

En 1933, James Hilton publie "Horizon perdu" (Lost Horizon), un roman qui décrit une vallée perdue aux confins du Tibet, siège d'une société parfaite. Cette histoire mystérieuse marque les esprits et fait l'objet d'un film de Frank Capra (Horizons perdus) en 1937, qui fini de consacrer Shangri-la comme un mythe des temps modernes. 
Un mythe, ça rapporte. D'où la décision des autorités chinoises de rebaptiser, en 2001, la ville de Zhongdian en Shangri-la! Les communistes ont beaucoup à nous apprendre sur l'art du capitalisme: depuis cette date, la ville ploie chaque été sous les hordes de touristes.
Nous ne faisons pas exception! C'est que Zhongdian n'a pas été choisi par hasard pour devenir l'emplacement de la mythique Shangri-la. Les steppes tibétaines s'étendent à perte de vue entre les pics montagneux. Des yaks, des chevaux paissent paisiblement.
Nous avons ainsi visité le magnifique monastère de Songzanlin. Nous avons été émerveillé par les chants liturgiques bouddhistes, les peintures de Buddha et les immenses salles de prière. Etonnés, aussi, par le clergé local, qui n'est bien évidemment soumis à aucun vœu de pauvreté. Un moine bouddhiste ne roule pas en clio, mais plutôt en merco!
Nous avons également visité les vieux quartiers, auxquels les bâtisses traditionnelles donnent un beau caché "petit village de montagne". Comme à Lijiang, cependant, pas une bicoque qui ne soit un magasin de souvenirs ou un restaurant! Ce coup si, on ne s'en plaint pas: nous sommes ravis de pouvoir nous jeter sur un délicieux burger de Yak (au fromage et à la viande de Yak s'il vous plaît) à l'issue de notre ballade de 40 bornes à vélo autour d'un lac au pied des montagnes!
Lors de notre escapade en deux roues, nous nous arrêtons chez une famille locale qui nous prépare, entre deux averses, un repas traditionnel que nous ne sommes pas prêts d'oublier: thé au beurre de Yak, pain tibétain, fromage de Yak (avec un peu de sucre pour en adoucir le goût), farine d'orge (une espèce qui ne pousse qu'au Tibet) et des pommes de terre. Sur notre route, nous croisons des éleveurs de chevaux qui nous proposent des ballades d'une heure sur la steppe...pour une somme incroyablement chère (pour le coup, on se croirait presque en France)! Anecdote étonnante: ils sont même prêts à nous baisser le prix si on veut juste monter sur le cheval...pour prendre une photo! La photo du "on l'a fait" est une pratique courante pour certains touristes chinois! 


Les steppes tibétaines





On y croise des "véhicules" insolites!



Napa Lake
 


Deux jeunes mariés étaient venus se faire prendre en photo




Les rues de la vieille ville de Shangri-La









Vente de yaourt au lait de Yak sur la place centrale de la vieille ville


Deux femmes en costumes traditionnels venues prier au temple. Je n'arrive pas à déterminer leur ethnie (Bai?), si vous avez une idée, n'hésitez pas!





Le meilleur Yak burger de toute la région, nous l'avons trouvé!









champs d'orge du Tibet ou orge trifurquée

de près...

Les femmes au champ à côté du Napa Lake