dimanche 1 juin 2014

Chengde - Retraite estivale des Empereurs



En Mai, fait ce qu'il te plaît. Banco! Nous louons un minibus et partons avec une bande de 7 potes pour deux jours de ballades. Notre bande de potes en image:
En bas à gauche, Théo (le guss qui fêtera son anniversaire pendant le week-end ; bosse dans le secteur eau/biodiv) et Florence (bosse dans le secteur agri ; c'est la femme de Théo). En haut à gauche Amine, le petit nouveau de l'Ambassade (qui a tout de suite mis la barre très haut sur la gestion des lendemains de fête...). En haut à droite, Bernie (mon copilote, qui refusera dorénavant de monter dans ma voiture). En bas à droite, Mathilde (joli prénom!), véto de l'Ambassade qui nous a sensibilisé sur les risques de la rage en Chine -merci la parano!...


Destination du week-end: Chengde!
Ancienne cité impériale nichée aux contreforts de la Mongolie intérieure, à une quinzaine de kilomètres de la Grande Muraille (et oui encore elle... elle est partout!!!), la ville abrite une multitude de sites historiques et culturels. Sur les douze temples dédiés au bouddhisme lamaïque édifiés à Chengde et dans ses alentours, seuls huit temples (tous inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO) s'offrent encore aujourd'hui au regard des touristes.
Le voyage en vaut la peine non? 200 bornes au nord-est de Pékin tout de même... C'est un vrai périple sur des routes chinoises. Non pas à cause des routes, nickel. Plutôt à cause des conducteurs que l'on y croise...
Chauffard! Oups, pardon Monsieur l'agent...

Une pluie torrentielle nous accompagne sur tout le trajet, faiblit à notre arrivée (d'où un pique-nique improvisé sur le parking de notre première visite) puis se tarit enfin pour que nous partions à l'assaut des splendeurs de la ville!

Tout d'abord, direction Temple Puning (普宁寺, ou en pinyin : pǔníng sì, ce qui signifie littéralement "Temple de la Paix").
Ce temple bouddhiste fut construit en 1755 au cours du règne de l'empereur Qianlong (Dynastie Qing ; et oui, c'est là que l'on se dit que, passer le "Petit précis de l'histoire de France, des Gaulois à nos jours", on ne connait pas grand chose). Il s'inspire très largement de l'architecture du Temple de Samyé, l'un des plus anciens temples bouddhistes du Tibet. Il a été érigé pour célébrer l'alliance de la Dynastie des Qing avec les princes Mongols et sceller une paix durable entre les différentes ethnies de l'Empire. Il est aussi appelé Temple du grand Bouddha: il abrite, un effet un Bodhisattva de 23 mètres de haut pour 110 tonnes, sculpté dans cinq essences de bois : pin, cyprès, orme, sapin et tilleul. Dingue non!





L'entrée du Temple de Puning

Théo s'improvise guide. Apparemment, simplement pour se chauffer la voix. Ce soir, nous fêterons ses 28 ans. Au programme: karaoké!

Moulins à prière.

L'étrange mélange de sytles architecturaux Han et tibétains.
Les "jeunes mariés" posent devant la réplique du Temple de Samyé.
Dingue sur qui l'on tombe à Puning: Bernadette a pris une photo avec le chanteur d'Indochine!

Même pratique ici que sur le Pont des Arts à Paris. Mais quel en est le sens? Mystère!
L'Impératrice Xiaodefen (Delphine pour les intimes) ne voyagent qu'en chaise à porteurs...
Fun fact sur la piété filiale (un trait caractéristique de la société chinoise): l'Empereur Qianlong (ci-dessus en habits de cérémonie) gouverna le pays pendant 61 ans (1735 - 1796) et abdiqua avant sa mort (1799) pour que la mémoire de son grand-père, Kangxi, reste gravée dans l'histoire comme celle de l'Empereur qui régna le plus longtemps sur la Chine! (61 ans et des poussières).
Notre seconde destination: Le Temple de Putuo Zongcheng
Cet autre temple bouddhiste (construit entre 1767 et 1771, toujours sous la Dynastie Qing) est remarquable par sa taille: entièrement ceint par un mur de clôture, il couvre une superficie de 220 000 mètres carrés, ce qui fait de lui l'un des temples les plus importants temples de Chine.
Il est aussi connu sous le nom de Petit Potala car il a été construit sur le modèle du Potala de Lhassa au Tibet (ancien sanctuaire du Dalai Lama construit un siècle plus tôt) pour commémorer le 60e anniversaire de l'empereur Qianlong. inspiré par l'architecture. 
On retrouve là aussi l'étonnante fusion des styles architecturaux chinois et Tibétains aperçus au Temple Puning. Elle est ici présentée comme un symbole de la puissance unificatrice de l'Empire Qing sur une grande diversité de peuples et de cultures. 
Aujourd'hui, le Putuozongcheng est un lieu touristique, bien sûr, mais c'est aussi le siège de festivités locales pour les moines bouddhistes résidant au Temple de Puning. 

La principale bâtisse du site, le Dahongtai ( 大红台, littéralement "grand pavillon rouge"), est une reproduction du pavillon central du palais de Potala. Vous l'aurez compris, la Chine et la copie, c'est une longue histoire d'amour :)
La Chine et la copie, c'est une longue histoire, certes. N'empêche, il y a encore des ratés...






Presque la fin de la première journée. Plus de visites au programme aujourd'hui, mais nous souhaitons tout de même prolonger la ballade. Nous prenons un chemin de traverse à flanc de montagne. Chacun, dans le groupe, a dû s'imaginer ce qu'il trouverait au bout du chemin. Pour moi, la source d'un cours d'eau pur! (of course...). Finalement, raté: ce sera un cimetière converti en décharge sauvage.
Nous redescendons et empruntons un autre chemin. Une petite route. Des maisons de plein pied plutôt que des immeubles de 30 étages. Quelques parcelles cultivées. Du linge qui sèche sur le manche d'une pelle. Du vert à perte de vue. Bref, ce n'est pas Pékin et ça fait du bien!
Nous arrivons au bout du chemin, devant un autre temple. Un vendeur de légumes nous propose des tickets d'entrée au quart du prix normal. Je regarde ma montre: il est 17h25 et le temple ferme à 17h30. Nous déclinons donc poliment, beau joueur: après tout, monsieur cherchait juste à liquider les invendus de la journée à ces pigeons de touristes américains! Mais voilà, si quand ça nous arrange (bref, dès que l'un de nous fait une connerie) nous disons haut et fort "women shi meiguoren" (comprendre: "nous sommes américains), là, pour l'occasion, "women BU shi meiguoren" ("PAS américains"). Mes excuses à la belle-soeur américaine pour cet aveu de faiblesse...

Affamés, nous retournons dans le "centre ville" pour nous jeter sur les plats de jiaozi (raviolis chinoises) d'un très bon restaurant à proximité de notre hôtel. Une fois rassasié, les plus courageux (bref, tous sauf Amine, encore sous le choc de son vendredi soir!) se chauffent la voix avant de faire leur entrée au coco-love: une boite-karaoké (comprenant une section filles de joie selon les mauvaises langues -ou tous ceux qui y ont mis un pied).
Théo est en forme pour son anniv', et les Claudettes aussi!

Au point que l'on tente d'entrée un duo en chinois! (et oui c'était moche...)
C'est pas tout ça, mais l'on a tout juste la permission de minuit ce soir, car demain, on repart en visite!

Et quelle visite! Au programme de cette journée:


Le Palais d'Été impérial de Chengde
De tous les monuments de la capitale chinoise, le Palais d'Été de Pékin a ma préférence. Et celui de Chengde n'a rien à lui envier... Ne serait-ce que par la taille: 5,6 km² de superficie (soit deux fois le Palais d'Été de Pékin!) divisés en quatre partie: les palais et les temples, le lac et ses îles, les chemins de plaine et les sentiers de montagne. Facile de se perdre... Mais heureusement, nous avons un guide motivé et fier de la carte qu'il vient d'acheter:
Hier, il n'a pourtant bu que des bières... et à ce stade, il devrait avoir décuvé... :-)
Mais il n'y a pas que la taille qui compte (humhum...): nous sommes stupéfaits par le raffinement de l'architecture des bâtiments. Il faut dire que la construction de l'ensemble a pris près d'un siècle (1703-1790)! Nous sommes aussi charmés par la luxuriance et la fraîcheur du site (la température de la résidence est de 3 degrés inférieure à celle de la ville de Chengde!).
Deux siècles avant nous, les Empereurs de la dynastie des Qing avaient eux-mêmes été séduits par ces deux traits de caractères et c'est donc ici qu'ils trouvaient refuge de l'étouffante chaleur estivale Pékinoise. 
D'importantes affaires politiques étaient réglées dans ce Palais: les Empereurs y recevaient les chefs des minorités (Mongols, Tibétains, etc.) pour maintenir la paix dans le royaume. Ils accueillaient aussi des envoyés diplomatiques étrangers.


Le saviez-vous? Chengde est autant le symbole de la puissance de l'Empire chinois que celui de sa chute! En 1793, c'est à Chengde que l'ambassade britannique conduite par Lord Macartney demande l'ouverture au commerce avec la Grande-Bretagne et l'installation d'une légation permanente à Pékin. Le refus de l'Empereur Qianlong est le point de départ du conflit entre la Chine et les États européens, qui culminera dans les guerres de l'opium et s'achèvera sur la défaite de Pékin. Aujourd'hui, le nouvel essor de la Chine est vécu comme une revanche sur l'humiliation infligée à cette époque par les occidentaux (Yesterday, our troubles seem so far away...). :-)






15h30. Nous n'avons toujours pas déjeuner. Amine prend un moment et médite sur l'opportunité du cannibalisme.
Nous cédons à une pause déj' pour ne pas finir en carpaccio.

Le petit pont de bois, le petit pont de bois, le petit pont de bois, le petit pont de bois! http://youtu.be/_7D5Bjt6Tow

Au bonheur! Une forêt! C'est toujours la Chine, mais l'on se croirait dans les Landes!


Sur la route du retour à Pékin, les yeux du conducteur suivent ceux des passagers, quittent la route et admirent la Grande Muraille à Jinshanling.
Une petite photo de groupe pour finir!



En bonus: Théo part en week-end! Florilège:



Sort de ce costume Théo... NDLR: le Roi singe est l'un des personnages principaux d'un roman d'aventure mythplogique du XVIe siècle. Grâce à des pratiques taoïstes, il maîtrise les arts martiaux et gagne une force et une vitesse surnaturelles qui lui valent une invitation au Paradis. Déçu du rang qu'il y occupe, piqué dans son orgeuil, il défie les Dieux, ce qui lui vaut d'être emprisonné par Bouddha sous une montagne. Cinq siècles plus tard, Guanyin, bodhisattva (terme bouddhiste désignant un être d'éveil, disciple marchant sur les traces de Bouddha), lui propose un marché: qu'il protège Xuanzang (moine de la Dynastie des Tang) dans son pélerinage indien en quête des sūtras (écrits rassemblant les enseignements de Buddha), et il recouvrera la liberté. Bref, Marvel et DC Comics peuvent aller se rhabiller!

Grande Muraille: en veux-tu? En voilà!

Après un coup d'essai coup de maître avec le Nouvel An chinois dans le Shanxi, nos amis et nous louons de nouveau plusieurs voitures fin Mars pour une petite rando. Au programme:
le Parc des reliques de la Grande Muraille sur la montagne Yunmeng. A cette période de l'année, les cerisiers (ou autre chose) sont en fleurs, et Diou que c'est beau! Laissons un peu parler les images:


Nous n'en sommes plus à notre première rando sur la Grande Muraille, mais elle se révèle toujours sous un nouveau visage. Celui-ci a quelque chose de féérique...
 
A l'horizon, le réservoir de Miyun, qui approvisionne en eau la ville de Pékin.

Antoine, fleur parmi les fleurs, nous fait des doigts d'honneur.



Bernie, en plein recueillement, ouvre une fenêtre sur le monde et s'interroge sur la place de l'homme et le sens de la vie.


Delphine répond: "mangez des pommes".


D'où pause déj et sieste.


Grande Muraille - Section de l'aiguillon
Début Avril, j'accueillais des experts français pour une semaine de formation de nos partenaires chinois sur le thème de l'ingénierie écologique à des fins d'épuration. Le week-end clôture en beauté cette semaine de travail: j'accompagne l'un de ces experts, Julien pour une nouvelle randonnée sur la très sportive section dite de "l'aiguillon". Là encore, nous ne sommes pas déçus du voyage...
Nous commençons la randonnée sur ce barrage, qui ne retient apparemment plus d'eau depuis plusieurs années: les rivières qui l'alimentent sont asséchées.

Après une belle montée, nous profitons d'une vue vertigineuse sur la Grande Muraille et le barrage à sec.


Rien n'y paraît ou presque, mais nous avons bien souffert dans cette montée:

Sur notre parcours, nous franchissons de nombreuses tours de guêt. Nous nous arrêtons à l'ombre de l'une d'elles pour pique-niquer.



L'aiguillon est l'une sections les plus sauvages et les plus belles de la Grande Muraille à proximité de Pékin:
La section n'a pas été rénovée récemment, et certains passages sont donc délicats...








Esprit alumni: Science Po' Toulouse sur la Grande Muraille!
Sciences Po' Toulouse est plutôt bien représenté dans la petite ville de Pékin. Delphine et moi bien sûr, mais aussi trois étudiants, en formation ou en stage ici -dont notre bien aimé Damien a.k.a. Kevin, qui bosse pour le CNES à l'Ambassade quand il n'est pas VP du Club Beauf' de France. 
Début Mai, la joyeuse bande a eu le plaisir d'accueillir dans la capitale chinoise une délégation de l'administration de Sciences Po' Toulouse, comprenant les noms familiers (pour ce d'entre vous que nous avons rencontré sur les bancs du "2 ter, rue des Puits creusés"): Philippe Raimbault, son directeur ; Andrew Milne, prof' d'anglais haut en couleur dont les cours nous ont laissé de très bons souvenirs ; Jérôme Viguier, prof' d'espagnol ; Gildas Tanguy, prof' de Sciences Po' post-promo Saint Exupéry).
Et devinez ce qu'on leur a fait visiter? Je vous le donne en mille: la Grande Muraille! 
(au bord de l'overdose? On arrête, jusqu'au prochain post au moins)
:)

Quelques photos pour la route:
La rando est une fois encore un peu sport...

Une des raisons pour lesquelles on ne se lasse pas!


La Dream Team Great Wall.

Bernie, Damien, Delphine et moi!